Il était une fois, dans un pays aux neiges éternelles, une famille qui attendait avec espoir et angoisse la venue d’un enfant. Un enfant indispensable car il représentait l’avenir. Celui d’une famille, d’une lignée, d’un pays.
Australis était un jeune pays qui se devait d’être fort pour faire face aux différentes rivalités internationales et l’absence d’héritier était la pire chose qui pouvait lui arriver. Peu importait l’amour que le peuple portait à son souverain et à sa femme ou le respect des autres gouvernements pour ce pays du sud de Sirthaal. Ils devaient avoir un enfant.
Et un jour cet enfant arriva.
Alanortaana était, dès sa naissance, soit idolâtrée soit détestée mais c’était le lot de tout futur dirigeant. Elle était née pour diriger et toutes les étapes de sa vie devaient la préparer pour ce moment.
Le roi et la reine étaient de merveilleux souverains et malheureusement cela impliquait de passer bien plus de temps entourés de conseillers qu’à changer des couches ou donner des biberons.
Il aurait été mal venu de leur reprocher d’avoir rater les premiers pas ou le premier rire de leur fille surtout lorsqu’ils veillaient à lui attribuer les meilleurs nourrices, les meilleurs précepteurs pour qu’elle ne manque de rien. Pourtant, comme tous les enfants dans son cas, elle cherchait à attirer l’attention des deux personnes qui lui en donnait le moins.
Loin de l’image de la petite princesse sage et disciplinée, Alanor était plus du genre à courir dans le palais et à fouiner partout en posant des tonnes de questions sur tout et rien. Son hyperactivité rendait rapidement la vie au palais un peu plus compliquée et décision fut donc prise de l’envoyer à l’école.
Publiquement ce fut un grand événement car pour la première fois, la future reine serait élevée et éduquée entourée de son peuple. Officieusement c’était la première fois qu’Alanor se rendait compte de l’immensité de son influence et laisser comprendre à une enfant qu’elle peut faire ce qu’elle veut quand elle veut revient à créer un monstre.
Elle écrasait les autres en bon tyran qui ne laissait personne lui marcher sur les pieds. Ridiculisant ceux qu’elle jalousait et prenant un air innocent qui la sortait toujours de ces mauvais pas.
Mais l’ère de dictature devait prendre fin et pour cela il fallut un homme. Un professeur d’histoire qui réussit le tour de force de lui tenir tête et de ne jamais se dégonfler face aux manipulations. A force de discussions et de piques bien placées, notre petit monstre a commencé à se remettre en question.
Elle venait de trouver une figure parentale, un père spirituel qui lui accordait de l’attention et la guidait. A l’aube de l’adolescence elle changea radicalement et commença à s’établir comme protectrice des plus faibles, combattant l’injustice dont elle avait été elle-même la plus grande cause.
Elle commença à se constituer un petit groupe d’amis. Des nobles et des plus modestes mais tous des personnes sur qui elle pouvait compter. Heureusement car plus les années passaient et plus les conflits avec ses parents prenaient de l’ampleur. La période de l’adolescence a été pour Alanor le moment où elle a réalisé que ses parents avaient des défauts et pas des moindres.
Au delà de leur absence qui commençait à peser sur la princesse au fur et à mesure qu’elle le réalisait, la famille royale était bien moins parfaite qu’elle n’y paraissait. Et comme dans chaque histoire tout part d’un secret extrêmement bien gardé.
Si les problèmes du couple royal pour avoir un enfant n’était pas un mystère, la vérité sur la condition de la reine en était un.
Au cours de son enfance, Alanor ne partageait que très peu de moments privés avec ses parents mais les moments qu’elle chérissait le plus au monde était ceux avec sa mère. La reine était une excellente pianiste et elle apprit à sa fille à s’exprimer à travers la musique partageant ainsi, autour d’un piano, de rare moment de complicité mais en grandissant, ses moments ne suffisaient plus.
En parallèle, Alanor se retrouvait mêlée un peu plus étroitement à la gestion du pouvoir et découvrait les obligations d’un dirigeant auprès de son père.
Elle voulait faire de son mieux, espérant un jour voir sa relation avec sa mère s’améliorer et voir son père être fier d’elle mais plus le temps passait et rien n’évoluait dans son sens alors en forme de protestation elle cherchait à les provoquer.
Pour tous les événements officiels elle était absolument irréprochable mais il lui arrivait régulièrement de faire la une de la presse à scandale au cours de soirées trop arrosées ou parce qu’on lui prêtaient non nombre de relation.
Il fallait avouer qu’elle prenait un malin plaisir à voir son père virer au rouge, le provoquer pour le voir lui donner de l’attention. Bien sûr elle savait que ce n’était pas une solution durable mais elle aussi avait bien le droit de faire sa crise d’ado. Sa plus grande force à ce moment là fut l’amour de son peuple. Certes, comme tous les gens de pouvoir elle ne faisait pas l’unanimité et on lui reprochait souvent son comportement mais personne ne remettait en cause l’amour qu’elle portait à son peuple. Un amour et une envie de bien faire qu’Alanor elle-même exprimait et montrait à la moindre occasion.
Et il suffit d’un événement qui aurait pu prendre une tournure tragique pour rallier tout le peuple à sa cause. En effet, au cours d’une visite de charité dans un orphelinat un homme tenta de l’attaquer mortellement. Si Alanor survécu elle fut marquée aussi bien physiquement que psychologiquement.
De plus peu de temps après, ce fut au tour des parents de la reine de perdre la vie dans un accident dramatique. Une sombre histoire qui laissera toujours planer le doute d’un complot politique et qui, cette fois, mis à mal la reine.
Manquer de perdre sa fille et dans la foulée perdre ses parents avait été la goutte de trop. Si sa majesté avait été diagnostiquée - dans le plus grand secret - dépressive depuis longtemps elle en avait perdu toute lucidité et elle pouvait entrer dans des colères noires à la simple vue de sa fille. Selon les médecins c’était parce qu’elle ne supportait pas d’être ramenée à sa condition de mère. Et désormais, Alanor et sa génitrice ne pouvaient même plus être dans la même pièce.
Cette situation mettait en péril tout l’équilibre du royaume et c’est pour cela que le roi prit alors la décision surprenante d’abdiquer au profit de sa fille. Officiellement parce qu’il estimait qu’Alanor était tout à fait apte à faire avancer le pays dans les meilleures conditions mais officieusement afin de cacher et d’empêcher toutes attaques politiques de l’intérieur comme de l’extérieur.
La voilà donc désormais, promue au rang de reine, apprenant des derniers conseils de son père et devenant le partie le plus convoité de tout Sirthaal. La voilà reine et prête à tous les sacrifices pour faire passer le bien de son peuple, de sa nation avant tout le reste.