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Luinil
Esprit de l'Etoile
Luinil
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Mar 8 Oct 2019 - 22:52



Le Présent se construit sur les ruines du Passé.

Te souviendras-tu d'autrefois ?

Luinil ne s’était pas tenue ici depuis des années. Des dizaines d’années. L’endroit avait peu changé ; toujours les mêmes murs de bois, les mêmes ornements, sans donner l’impression d’avoir vieilli. Elle se sentit un peu nostalgique. Autrefois ce lieu était synonyme pour elle de joie, d’un lien qu’elle ne pensait pas voir faiblir un jour. Etait-ce sa faute ? Très probablement. Si elle tâchait de toujours se tourner vers le futur et de ne plus regarder les erreurs du passé, elle ne pouvait empêcher ces dernières de souffler un vent de doute dans son âme. Aurait-elle pu faire différemment ? Peut-elle faire différemment aujourd’hui ? Les erreurs se réparent. Ou, du moins, la plupart des erreurs se réparent. Les plus importantes restent là à vous poursuivre, et vous noient si vous ne parvenez pas à tourner la page. Comment tourner la page d’une erreur aussi radicale, d’ailleurs ?

Elle fixait, hésitante, la porte colorée tout au fond de la pièce. Elle aurait directement pu aller au palais de Vanyar, plutôt que de venir dans son temple, accessible aussi aux humains. Pourquoi était-elle là, d’ailleurs ? Elle avait moins l’impression de s’imposer. Ce n’est pas la même chose que d’aller dans un endroit qu’une personne fréquente souvent pour l’y attendre que d’aller directement chez elle. Dans le premier cas, vous avez toujours la possibilité que la personne en question ne vienne jamais, soit parce qu’elle ne passe pas par là aujourd’hui, soit parce qu’elle vous a aperçu de loin et a fait demi-tour, ne souhaitant pas vous voir. Luinil estimait qu’elle se devait de laisser cette possibilité ; après tout elle lui avait tourné le dos pendant près de deux siècles. Et elle savait combien il était rancunier, n’oubliait jamais rien.

Mais elle savait surtout combien ils avaient été proches, jadis. Cela lui semblait si loin, si déconnecté de la réalité. C’était avant. Avant que tout ne s’effondre par cette guerre. Tout ce qu’elle avait construit, tout ce qu’elle avait chéri.

Non, pas tout ce qu’elle chérissait. Ce qu’elle chérissait, elle leur avait lâchement tourné le dos. Elentir, Vanyar, les survivants.

Sans qu’elle ne s’en rende compte, elle était arrivée devant la porte colorée.

Elle devait revenir. Elle était certaine que rien ne serait plus comme avant. Ce n’était pas pour autant que tout devait être triste et sans saveur. Bien sûr, Elentir et Vanyar savaient tout de ses erreurs ; pourtant, elle les connaissait depuis si longtemps. Aussi loin qu’elle se souvienne, ils avaient toujours été ensemble.

Elle effleura distraitement la plume de bois sculptée, comme un geste mécanique qu’elle connaissait par cœur.

Deux-cent ans ne pouvaient pas en effacer dix mille, n’est-ce pas ?

L’Esprit de l’Etoile franchit la porte menant à l’une des rares dimensions facilement accessibles de Vanyar.
Vanyar
Esprit de l'Espace
Vanyar
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Sam 12 Oct 2019 - 10:33


Difficile d'oublier le passé. Que ce soit les bons moments ou les mauvais, chacun d'eux reste gravé au fond du coeur. Parfois, il arrive d'oublier des noms, des mots, des petits détails, mais le plus important reste au fond de vous, sans même que vous le sachiez. Car c'est le passé qui fait de vous ce que vous êtes aujourd'hui. Les fils du temps brodent votre présent, esquissent votre avenir.

Difficile d'oublier le passé. Même pour un Esprit vieux de plusieurs milliers d'années. Même s'il aimerait le chasser de ses pensées. Effacer les erreurs, balayer les remords.

Et ne garder que le meilleur.

« C'est dans l'ombre que je m'enfouis
Mon coeur sombre et se flétrit
Tel une rose que l'on oublie
Solitaire, à l'infini.
»

Le champ de fleurs s'étendait à perte de vue, grande mer verte aux milles et un éclats de couleur. Rouge, bleu, jaune, violet, rose, il y en avait pour tous les goûts, chacun pouvait y trouver son compte. Au coeur de ce paysage bucolique se tenait une petite table basse, ainsi que deux fauteuils de cuir et quelques meubles de rangement assortis. Seule une porte n'avait rien à faire là. Sans mur, à peine un encadrement de bois. Juste une porte. Là.

Et cette voix qui résonnait dans le silence.

« C'est dans l'ombre que je m'oublies
Perdu dans les décombres d'une ancienne vie
J'erre en attendant que tu me souries,
J'espère une lumière dans la nuit.
»

Le maître des lieux, le Créateur, vaquait à ses occupations, ses doigts dansaient sur les cordes de sa lyre, tandis qu'il chantait. Il venait souvent, ici. Parfois, un Apprenti ou un Omniscient venait ici déposer une offrande, alors il lui offrait un peu de son temps en retour. Il aimait connaitre les siens. Après tout, ils étaient un peu comme ses enfants.

Et l'on abandonne pas sa famille.

« Ma lumière dans la nuit... »

Sa voix sombra dans un murmure, ces quelques mots soufflés du bout des lèvres... Et il leva les yeux vers l'entrée. Son coeur loupa un battement, lorsqu'il la reconnu. Luinil.

Il resta un instant un peu béat, à la détailler comme s'il venait d’apercevoir un fantôme. Un revenant était le mot exact. Puis, retrouvant soudain l'usage de ses gestes, il se leva pour l'accueillir dans son domaine.

« Je ne m'attendais pas à recevoir de la visite. »

Etait-ce de l'ironie ? Du sarcasme sous jacent pour souligner à quel point il était vexé qu'elle ait disparut tout ce temps ? Cela pourrait, en effet, Vanyar faisait parti de ces êtres terriblement rancuniers. Mais quelque chose ne trompait pas. Son regard. Celui-là ne pouvait pas mentir.

Il était heureux de la voir.

Quand bien même sa présence ici ravivait les douloureuse blessures du passé, tel du sel jeté à même une plaie, oh oui, il était heureux de la voir.

Luinil
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Sam 12 Oct 2019 - 14:02



Le Présent se construit sur les ruines du Passé.

Te souviendras-tu d'autrefois ?

Elle eut l’impression de briser un moment de paix. Elle ne pensait pas qu’il serait là, à dire vrai. Elle pouvait sentir la présence des êtres vivants, mais les Esprits étaient bien différents. Elentir et Vanyar étaient les seuls êtres qu’elle ne pouvait pas « ressentir », car leur essence, leur vie était bien différente de celle qu’elle était en pouvoir de donner.

Vanyar se leva à son entrée, faisant taire la musique et le chant qui emplissait ce champ artificiel. Elle le perçut, le sarcasme de sa voix, un sarcasme familier. Bien sûr, ce n’était pas comme s’ils ne s’étaient plus vus depuis deux cents ans. Si Luinil s’était longtemps refermée sur elle-même, elle n’avait jamais quitté physiquement Sirthaal, elle ne le pouvait pas. Bien sûr qu’ils s’étaient vus. Elle avait simplement fui au maximum tous les contacts, les explications, les responsabilités. Seulement là pour les choses vitales. Ils ne s’étaient plus revus seul à seule pour autre chose que des cas de force majeurs -qu’il n’y avait que très peu eu depuis la Seconde Catastrophe.

Elle avança de quelques pas, lui permettant de mieux lire les expressions du visage de son ami. Ou de son ancien ami ? Elle ne savait pas trop, elle avait besoin de savoir. Elentir et Vanyar lui manquaient, terriblement. Bien que parler des liens du sang n’avait pas de sens pour eux, ils étaient sa famille, ses points d’ancrage. Elle ne pourrait jamais reprendre pleinement sa place si eux ne le souhaitaient pas.

Elle l’avait déjà vu, cet éclat dans son regard. Tellement de fois. Si elle aurait dû être sûre de sa signification, elle était encore hésitante, près de la porte. Néanmoins, elle se sentit soulagée. Elle connaissait Vanyar si bien, ce regard-là n’était pas celui du rejet, bien qu'il soit légèrement différent de d'habitude.

Quelque part, au niveau de ses épaules, un poids s’allégea. Les derniers mètres qui les séparaient, elle les parcourut d’un pas vif sans vraiment s’en rendre compte. Luinil ne marqua aucun temps d’arrêt, et vint sans prévenir serrer son ami dans ses bras.

Tant pis s’il la repoussait. Elle en avait besoin. Bien sûr, c’était son choix, mais elle s’était sentie si seule.

Je suis sincèrement désolée.
Vanyar
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Dim 13 Oct 2019 - 17:57


Luinil se tenait là, debout, à quelques pas de lui. Il y eut un moment de flottement, un bref instant perdu dans le temps où aucun des deux Esprits ne sut véritablement quoi faire. Ils s’observaient mutuellement, essayaient de deviner les pensées de l'autre dans son regard. Vanyar sentit le doute, l'hésitation qui émanait de son amie. Sans doute devait-elle percevoir sa rancœur et ses propres craintes.

Elle s'avança, il eut envie de fuir. De disparaître, de partir loin d'ici. Il en avait le pouvoir, mais pas la force de le faire.

Tant mieux. Luinil en profita pour franchir la distance qui les séparait.

Elle le prit dans ses bras.

Il sentit sa douce chaleur contre lui, sa présence tout près de son cœur. Elle était là.

Un instant -qui pouvait sembler des heures- il resta planté là, inerte, les bras le long du corps. Il sentit cette boule au fond de sa gorge, son estomac se serrer et les larmes poindre. Alors il ferma les yeux, gonflant son torse d'une grande bouffée d'air. Pour ne pas laisser les émotions le submerger, pour garder un contrôle total sur elles.

Et, enfin, il lui rendit l'étreinte. Ses bras enlacèrent la jeune femme et l'attirèrent un peu plus contre lui. Là, tout près. Une main glissa dans le dos de Luinil, tandis que l'autre se fraya un chemin derrière sa tête, perdant ses doigts parmi sa chevelure d'or. Il s'enivra de son odeur, de sa présence, de sa chaleur.

Il lui fallut encore un peu de temps pour qui puisse enfin répondre quelque chose. Beaucoup trop d'idées se bousculaient dans son esprit, il fallait choisir avec soin les mots, les phrases. Il aurait voulu lui crier dessus, la repousser, faire enfin exploser toute cette colère, toute cette peur et cette inquiétude ! Mais non, il les fit taire. Il les noya sous de nouveaux remords.

« Tu n'es en rien responsable de mes erreurs, j'aurais dû être là. »

Il savoura encore un peu l'étreinte, puis finit par se détacher de l'Esprit de l'Etoile. Il fallait garder de la distance, ne pas s’empêtrer à nouveau dans les relations du passé. Garder de la distance, pour mieux se protéger, pour ne pas souffrir une fois de plus.

« Tu en as mit, du temps. Peut-être qu'Elentir aurait du te conseiller ? »

Un sourit naquit enfin sur le visage du blond, alors qu'il tentait un brin d'humour pour détendre la situation. Aussi sérieux puisse-t-il être, il fallait alléger l'atmosphère entre eux. Faire comme si de rien était. Comme si elle n'était jamais parti.

Etait-ce seulement possible ?

Luinil
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Luinil
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Sam 19 Oct 2019 - 13:28



Le Présent se construit sur les ruines du Passé.

Te souviendras-tu d'autrefois ?

Le temps de quelques secondes, Luinil eut l’impression de retourner chez elle. De retourner en ces temps anciens, leur âge d’or, celui où tout allait bien, celui où les Trois étaient plus soudés que jamais, où rien n’aurait pu les séparer. Là où la confiance et l’affection étaient maîtresses.

Elle ne réagit pas tout de suite lorsqu’il chercha à, probablement, décharger le poids de ses erreurs de ses épaules. Ils savaient pertinemment que ni l’un, ni l’autre ne pouvait assumer pleinement la responsabilité de ces événements qui les avaient déchirés. Tous les Trois étaient en faute, à leur manière. Ils n’avaient pas agi quand il le fallait, de la manière qu’il le fallait. Quant au départ de Luinil, elle seule pouvait en assumer la responsabilité ; car même si elle le regrettait amèrement, il s’agissait de son choix, de celui de personne d’autre. Elle ne laisserait jamais Vanyar prononcer ce genre de remords.

Non. Ta place était ailleurs. La mienne aussi, simplement j’ai refusé de la prendre. Et tu sais très bien que ces erreurs qui ont mené à cette guerre sont les nôtres, à tous les trois ; alors n’essaies pas de tout mettre sur tes épaules. Elles sont bien trop frêles pour ça, ajouta-t-elle avec une pointe de taquinerie dans la voix, tandis qu’ils se reculaient.

C’était extrêmement étrange d’essayer d’alléger l’atmosphère sur ce sujet, lui qui était si tabou.

Elle eut un petit rire à sa remarque. Discret, sincère, mais légèrement teinté d’un certain malaise.

Peut-être. Mais tu sais bien qu’elle ne s’immisce jamais dans ce qu’écrivent les Fils. Tu permets ?

Elle esquissa un geste de la main vers le fauteuil le plus proche, avant de s’y assoir.

Je vois que tu as peu changé la déco. Manquerais-tu d’inspiration créative ?

Faire comme si tout allait bien. Qu’il ne s’était rien passé. Après tout elle n’était pas venue pour rappeler à tout un chacun ses erreurs du passé -même si, en les circonstances présentes, c’était quelque part inévitable-, mais construire un nouveau présent, un nouveau futur. Mais c’était si difficile, si artificiel. S’il le cachait vraiment très bien, elle ressentit une certaine crispation dans son sourire. Elle ne se sentait pas elle-même non plus, ses paroles étaient si creuses. On ne pouvait pas semer une nouvelle récolte sur un sol pourri.

Son sourire s’effaça tandis qu’un faible soupire franchissait ses lèvres.

Je… je vous ai fait du mal, bien plus que je n’aurais imaginé, n’est-ce pas ?

A vrai dire, elle aurait pu l’imaginer. Elle n’osait même pas imaginer sa propre douleur si Elentir ou Vanyar venait à lui fermer ses portes comme elle avait pu le faire. Elle avait simplement été trop égoïste pour y réfléchir à l’époque. Elle considérait que son énergie vitale, liée à celle des habitants de Sirthaal, perdue après vingt ans de guerre elle devait la recouvrer seule, que ses blessures psychologiques elle devait les panser seule. Elle n’était pas allée plus loin à l’époque, et voilà où ça la menait aujourd’hui. A devoir réparer les pots qu’elle avait elle-même brisés au sol. Sans parler du fait qu’elle avait jadis très peu pensé aux propres douleurs d’Elentir et Vanyar quant aux événements, et elle, elle n’avait pas été là pour les soutenir. Elle les avait laissés porter à bouts de bras les responsabilités.

Je ne pourrai jamais assez vous exprimer combien je suis désolée.

Elle planta un instant ses yeux dans ceux de Vanyar.

Mais je… je suis là pour reprendre les responsabilités que vous avez portées pendant beaucoup trop longtemps.

Elle détourna cette fois-ci le regard, mal à l’aise et plus hésitante.

Je suis aussi là pour reconstruire ce que nous étions.

Le « nous » incluait Elentir et Vanyar bien sûr, mais dans l’immédiat c’était à lui qu’elle s’adressait, elle avait besoin de leur parler séparément. D'autant que c'était la réaction de Vanyar qu'elle craignait le plus.

Je t’en supplie, laisse-moi une chance.
Vanyar
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Lun 21 Oct 2019 - 17:43


La taquinerie de Luinil le fit sourire malgré lui. Il chassa ses vilaines paroles d'un vague geste de la main et se détourna, tout en l'autorisant à s'asseoir. Qu'elle fasse ce que bon lui semble, Vanyar ne l'en empêcherait pas. Ce chez lui était aussi celui de la jeune femme.

Vanyar tarda un peu, mais vint à son tour prendre place dans l'un des fauteuils et, tandis qu'elle critiquait la déco vieillotte de l'endroit, le blond posa ses mains sur les accoudoirs et croisa les jambes.

« Disons plutôt qu'il est difficile de faire mieux lorsque la perfection a été atteinte, ma chère, répondit-il avec un fin sourire aux lèvres. Cet endroit me convient parfaitement tel qu'il est. »

Encore un sourire. Toujours un sourire. Aussi bien Vanyar que Luinil se voilait la face et évitait les sujets sensibles, se dissimulait derrière de vides plaisanteries. L'Esprit de l'Espace pensait pouvoir continuer ainsi un moment, mais Luinil en avait décidé autrement et elle reprit la parole. Les mots de la blonde lui firent bien plus de mal qu'il ne l'aurait cru. Alors il ne répondit pas, il se mura dans un silence qui en disait bien trop long sur le fond de sa pensée et son sourire se fana. Oh que oui, elle lui avait fait du mal, et la douleur persistait encore aujourd'hui. Il n'eut même pas le courage de la regarder. Et elle parlait, et elle parlait.

Il écoutait ses paroles, chacun de ses mots. La dernière phrase fut la plus douloureuse. Tant de sous-entendus, tant de souvenirs qu'elle apportait avec elle. Ce "nous" qui n'avait plus de raison d'être, qui désignait-il ? Les Trois Esprits ? Les Quatre, s'ils osaient repenser à leur camarade en exil ? Ou quelque chose de bien plus intime, seulement elle et lui ?

Il profita qu'elle ait le regard ailleurs pour l'observer à nouveau. Elle n'avait pas changé, elle était restée la même malgré toutes ces années. La douce Luinil, trop gentille pour son propre bien. Vanyar se demandait s'il avait changé, lui ? Le Temps n'est pas anodin, et les rancœurs de l'Esprit de l'Espace l'ont bien rongé pendant longtemps. Et s'il avait changé, Luinil serait-elle prête à refaire équipe avec lui ? A l'accepter malgré tout ? Vanyar passa ses doigts dans ses mèches blondes, histoire de s'occuper les mains et ne pas montrer la nervosité qui le gagnait.

« Ma porte t'a toujours été ouverte, osa-t'il finalement. Et elle l'est encore aujourd'hui. La véritable question, c'est "est-ce que tu veux vraiment rentrer ?" »

Beaucoup de métaphores, de nombreux niveaux de lecture. Vanyar était ainsi, tissant ses belles paroles et les ornant un peu trop. On pourrait croire qu'il lui faisait remarquer, subtilement, que lui ne s'était jamais détourné des siens, contrairement à elle. Cela aurait également pu être une simple invitation à tout reprendre, comme si tous ces siècles ne s'étaient jamais écoulés. Ou bien était-ce la réponse à la question muette de Luinil, un "oui, reviens".

Ponctuant sa phrase, il se leva. Il en avait besoin. Marcher, esquiver la discussion. En quelques pas -trop peu de pas, pour son plus grand malheur- il atteignit l'un des meubles et s'y accroupit. Il fouilla à l'intérieur, attrapant un service à thé des plus délicats. Luinil pouvait le reconnaître sans mal, il était celui que Vanyar sortait pour les petites discussions entre Esprits. Comme au bon vieux temps.

« Du thé ? lui proposa-t'il alors, d'un ton presque nonchalant, en montrant un sachet à l'Esprit de l'Etoile. Je crois me souvenir que celui-ci est ton préféré. »

Et c'était bien sûr le cas. Vanyar a toujours eu bonne mémoire. Autant pour les affaires les plus tristes, que pour les jours les plus heureux.

Luinil
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Lun 21 Oct 2019 - 20:01



Le Présent se construit sur les ruines du Passé.

Te souviendras-tu d'autrefois ?

Luinil n’aurait su réellement dire ce que pensait Vanyar. Si elle le connaissait bien, elle ne savait que trop bien combien les Esprits étaient maîtres dans l’art de cacher leurs émotions. Vous savez, dix mille ans à apparaître comme puissant, fort et infaillible, ça forge les expressions factices sur des visages qui le sont tout autant.

Elle-même montrait peu ses émotions par son visage, même si en l’instant présent c’était assez délicat. C’était si difficile de revenir auprès de quelqu’un qu’on aime de tout son cœur lorsqu’on s’en était éloigné pendant beaucoup trop longtemps. Les traits de son visage étaient légèrement tirés, sa chevelure lui semblait beaucoup trop lourde et gênante.

Ses paroles eurent un deux effets totalement contradictoires sur l’Esprit. Le premier était la sensation d’un coup de poignard. Elle ressentit, le temps de quelques secondes, ces paroles comme un reproche. « J’ai toujours été là, toi tu ne l’as pas été ». Ce qui était totalement vrai, mais toujours douloureux à entendre. Néanmoins, le sentiment qui prédomina était celui du soulagement, un soulagement indescriptible et incommensurable. « Ma porte t’est encore ouverte ». Elle eut un petit rire rempli d’émotions, tenant bien plus du soulagement que de l’amusement.

Est-ce que tu veux vraiment rentrer ?

Il savait, bien sûr qu’il savait, que c’était ici chez elle. Probablement le savait-il mieux qu’elle-même. Partout, tant qu’elle était avec lui, avec eux. Si les étoiles sont des astres bien solitaires, il en était autrement pour Luinil.

Bien sûr que je veux rentrer. C’est bien parce que tu es le gardien des portes que c’est à toi que je viens demander d’ouvrir celle-ci, celle dont j’avais perdu la clé.

Elle le regarda se lever et s’approcher d’un des petits meubles.

L’autre véritable question étant, reprit-elle, est-ce que toi tu souhaites véritablement me voir revenir ?

Une porte pouvait être ouverte sans avoir jamais quelqu’un pour l’accueil derrière. Luinil savait pertinemment que ça ne pouvait pas fonctionner comme ça, que ça n’était pas aussi simple ; on n’acceptait pas à bras ouverts quelqu’un qui vous avait brisé le cœur et avait mis un temps incommensurable à venir exprimer des remords. On tourne la page, on se protège, pour ne plus jamais avoir à vivre ça. On élève des barrières. Même si cela lui prenait des années pour cela, elle détruirait ces barrières, avec patience et douceur. En les temps anciens, sa relation avec Vanyar avait été particulière. Elle ne saurait pas mettre de mots sur la nature de ce qu’ils étaient, à part « fusionnels ». Vanyar avait jadis été son ami, son confident le plus proche, son frère ; tant de choses à la fois. Si barrière il avait dressée entre eux deux, elle devait être haute et difficile à franchir. Elle ne s’effriterait pas si facilement, oh non ; mais une simple autorisation pour commencer à y chercher des failles suffirait amplement à l’Esprit de l’Etoile.

Elle lui adressa un sourire, un vrai cette fois-ci, lorsqu’il lui montra un sachet de thé, avant de poser son coude sur l’accoudoir du fauteuil et de laisser reposer son menton au creux de la paume de sa main.

Fruits rouges ? Quelle mémoire Van’.

Prendre le thé avec Vanyar. Une activité aussi simple lui avait décidemment vraiment manqué. Elle finit par se lever pour se saisir de la théière finement peinte de dorures raffinées ; elle contenait déjà de l’eau, prête à l’emploi.

Toujours prêt à recevoir, n’est-ce-pas ? commenta-t-elle en le constatant, amusée.

Elle effleura du pouce le fond de la théière, ce qui eut pour effet que l’eau atteigne instantanément la bonne température.

Elle servit les deux tasses.
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