Hrp : pardon pour cet immense retard je m'incruste un peu...

Je m'attendais pas vraiment à me retrouver à une soirée aujourd'hui. C'est classe en plus, la salle est toute décorée avec des beaux tissus. Y a plein de monde que je connais pas. J'aperçois vaguement une chevelure rousse qui me rappelle Astéria. Elle est peut-être là, elle aussi ?

Ca m'arrangerait sir c'est elle parce que j'ai un léger problème. Je suis NUE. Je n'ai aucun vêtement c'est catastrophique, tout le monde va me regarder. Pas que je sois vraiment très pudique mais c'est embarrassant devant autant de monde. Il faut que je trouve quelque chose pour me couvrir au moins.

Je vais essayer de piquer une nappe. Si je m'y prend bien, personne verra que c'est moi. Je m'approche le plus discrètement possible d'une table pas trop chargée. Personne a l'air de m'avoir vue, ouf. Je déplace des bouteilles et des saladiers pour dégager la nappe et enfin j'ai quelque chose à me mettre. J'enroule le tissu autour de mes épaules. C'est bien mieux. Maintenant je peux chercher des gens.

J'aperçois Arizael que j'avais croisé il y a pas longtemps. Il a l'air de parler avec quelqu'un mais je peux dire bonjour maintenant que je suis habillée. Je m'approche un peu.

— Bonsoiiir, quelle belle soirée, hein ?

Spoiler:

Einarri n'a pas le temps de me répondre et de me parler de ses rencontres que de nouvelles personnes se joignent à nous. D'abord, il y a un grand bougre qui a l'air d'avoir mon âge qui se glisse dans notre petit groupe, l'air déterminé à nous rejoindre. Il attend que j'ai fini de parler pour se lancer dans un éloge des omniscients, en m'incluant dedans (comment a-t-il appris que j'étais omniscient ? non, comment sait-il qui je suis ??). Surpris, mon premier réflexe est de me méfier de quelqu'un qui se présente comme un soldat de l'Empire. Mais je n'arrive pas à rester sur mes gardes bien longtemps, une bouffée d'affection me prend tandis que je le regarde faire un baise-main à Luphe, le formidable tigre bicolore. Alors je laisse mon pot de peinture par terre et je m'avance pour lui serrer la main.

- Ces louanges n'ont pas lieu d'être, je ne fais que mon travail. Mais quelqu'un qui approuve avec autant de ferveur que toi l'action des médiateurs ne peut être qu'une bonne personne. Tu es plein de bonté, Joson, et je suis heureux de faire ta connaissance. Sache que notre rencontre est placée sous de bons hospices puisqu'elle est le fruit de la volonté des Esprits qui nous ont réuni. Aussi, je t'aime déjà.

C'est avec panache et une émotion non dissimulée que je prends sa main pour la placer sur mon cœur, tout en le regardant droit dans les yeux. C'est alors qu'une jeune femme se fait un chemin dans la foule jusqu'à nous et s'adresse elle aussi à moi. Je la reconnais, c'est Sol, avec qui j'ai bu un coup à Thiiel ! Je lâche la main du dénommé Joson pour la saisir par les épaules et la presser contre moi.

- Solveig ! Quel plaisir de te voir ici ! Il faut que je te le dise, c'était un vrai bonheur de faire ta rencontre à Thiiel. C'était juste le temps d'une soirée mais je suis sûr que c'était le début d'une véritable relation. Parce que tu es formidable, tu as du caractère et tu es tout à fait charmante. Tu fais donc partie de celles et ceux que j'aime de tout mon cœur ce soir. Viens, je te présente les autres.

Je garde une main sur son épaule et de l'autre je désigne successivement mes compagnons.

- Voici Einarri, le forgeron qui n'a pas froid aux yeux, Luphe la farouche qui m'a laissé la peindre, et Joson, un joyeux gaillard que je viens de rencontrer. Voici Solveig, la compagne idéale pour prendre un verre !

Je lui lance un sourire ravageur et je remarque à ce moment qu'elle s'est drapée d'une large étole aux bords décorés avec finesse. J'attrape un bord pour l'examiner.

- Où as-tu trouvé ce tissu, il est ravissant ! et les broderies, est-ce que c'est un point de feston que je vois là ? C'est du très beau travail !

Ca me rappelle les voiles qu'on brode pour les accrocher entre les colonnes au temple. J'ai une pensée pour Vanyar, et pour Elentir et Luinil. Bien sûr, c'est un pur hasard, mais je me sens chanceux de croiser autant de mes amis ce soir. Peut-être que les Esprits avaient prévu que je passerais une bonne soirée, avec mes bizarres élans d'amour et mon pot de peinture.

Les explications de Luinil, à défaut de le rassurer, apportèrent bien des informations à Asthan. Cette célébration était donc organisée par les Esprits. Rien ne pouvait mal se passer, n'est-ce pas ? Pourtant, le bon roi n'arrivait pas à se détendre, trop d'attentes reposaient sur ses épaules.

Asthan salua d'un léger hochement de tête le départ précipité de l'herboriste. Il n'avait pas eu le temps de le remercier à sa juste valeur pour tout ce qu'il avait fait pour son fils... Il se jura de le faire au plus vite. A présent seul avec l'Esprit de l'Etoile, le roi n'était toujours pas des plus détendus. D'un geste nerveux et répétitif, il caressait de son index le pourtour de son verre. A la question de Luinil, il fut bien embarrassé.

« Non... Non. Un sourire embêté ponctua sa phrase. Il n'était resté qu'avec Amil, avant l'arrivée de l'autre arboréen. Je... Je ne veux pas déranger qui que ce soit avec ma présence... »

La confiance d'Asthan ? Envolée. C'est que l'imprévu, il ne savait que très peu le supporter. Sa vie royale était contrôlée au millimètre près depuis toujours, alors il se retrouvait noyé sous cette vague de surprises. Et puis... Il y avait ce fichu sort. Les mots franchirent les lèvres d'Asthan avant qu'il ne puisse les formuler dans son esprit.

« Et puis c'est à moi de les servir et je ne sais comment m'y prendre. »

Un comble, pour un serviteur.

Le jeune homme -mince, je ne connais pas son nom, des fois je regrette de ne pas avoir la capacité de connaître instantanément les gens à qui je parle- s'en va vers d'autres personnes, je me retourne donc vers Asthan toujours mon verre en main. Je hausse un sourcil, tout en traçant distraitement un cercle sur le verre. Ah oui. Le sort. Je ne sais pas de qui c'était l'idée, mais je ne passe pas une journée à essayer de redonner confiance à sa Majesté pour qu'on lui fasse croire qu'il ne vaut pas la peine de s'adresser aux autres.

- Allons voyons Asthan, tu es là pour t'amuser.

Je redresse la tête, pensive, le regard perdu vers l'estrade. Là-bas, les squelettes animés entament une énième musique. Que faire pour que... ah mais oui !

Je retourne un sourire lumineux teinté d'une pointe d'espièglerie vers sa Majesté, pose mon verre sur le buffet avant de lui tendre la main, paume vers le ciel.

- M'accorderas-tu cette danse, Asthan ?

S'amuser ? Lui ? Le pauvre roi réduit en serviteur ? Difficile de s'en convaincre ! Il ne remettait pas la parole de Luinil en doute -jamais il no'serait commettre un tel affront !- mais il était bel et bien obligé de constater que quelque chose clochait. Alors, honteux et confus, il baissa simplement les yeux sur son verre et ne dit mot.

C'est Luinil, une nouvelle fois, qui reprit la parole. Et sa demande fut des plus surprenantes.

Lui, Asthan Riael, modeste habitant de Sirthaal, danser avec l'Etoile en personne ?

Il l'avait, sa réponse à toute cette mascarade : tout cela n'était qu'un rêve.

Doux songe ou étrange réalité, il ne pouvait pourtant pas se permettre de refuser. La boule au ventre, il releva les yeux vers la jeune femme et s'arma de cette assurance de façade dont il faisait souvent preuve.

« Ce serait un véritable honneur. »

Le protocole, Asthan le connaissait bien. Il posa à son tour son verre sur le buffet et vint prendre la main de l'Esprit de l'Etoile dans la sienne. De quoi avait-il l'air, avec les doigts si fins et si purs de Luinil dans sa grosse main d'empoté ?  Son petit coeur s'emballait dans sa poitrine, alors qu'il la conduisait vers le centre de la pièce, près de l'estrade où jouaient les étranges musiciens. Il ne s'attarda pas sur leur apparence, bien trop stressé pour cela. Il se plaça en face de la blonde et prit une grande inspiration. Les pas de danse, il les connaissait. Combien de fois avait-il dansé aux côtés de sa tendre épouse ? C'était la même chose ce soir-là : suivre la musique, se laisser bercer, et ne pas écraser les pieds de sa partenaire.

Asthan récupéra avec douceur l'autre main de Luinil et ouvrit le bal.